Chronique de Prune n°1 : écrire pour guérir
Pour cette première édition des chroniques, je vous propose de nous intéresser à un sujet complexe et personnel, voire plus intime dirons-nous, mais ô combien bénéfique ! Donc, pour aujourd’hui, exit la causticité « prunesque » !
Comme tout un chacun sait, la vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille, on peut même parler de torrents tumultueux par moments, de quoi noyer son subconscient de colère, de tristesse, de ras-le-bol, d’abattement, de désespoir. Toutes ces souffrances, avec le temps, ankylosent, empêchent d’avancer, la roue éternellement embourbée dans un marasme semblant insurmontable, et de voir l’avenir sous un autre angle. Ainsi, pour évacuer ce trop-plein, vous pouvez opter pour la salle de sport où vous vous acharnerez sur un malheureux punching-ball, et ainsi éviter de vous défouler sur votre voisin qui vous aura réveillé le dimanche matin à 7 heures à coups de marteau. Mais, est-ce suffisant ?
Non. Seule la colère s’amenuise, mais la douleur, ce mal qui vous ronge, est toujours ancrée au fond de vous. Alors, que faire ? nous direz-vous. Une solution moins violente, plus axée sur votre moi intérieur est à votre disposition, une solution qui vous permettra de poser des mots sur vos maux. Et cette thérapie, c’est… l’écriture ! Cet exercice vous apportera, et c’est scientifiquement prouvé, un bien-être que vous croyiez révolu. Mais voilà, cet exercice d’écriture vous fait peur. Comment vous y prendre ? Comment laisser votre témoignage d’un passé chaotique ? Quel style choisir ? Nous allons tenter de répondre à vos questions. Embarquez et laissez-vous entraîner dans le monde magique et thérapeutique des mots.
Laissez parler votre coeur
Petit conseil, ayez toujours un carnet (ou autre) et un stylo à porter de main, car à tout instant, ce besoin irrépressible de libérer vos pensées se fera sentir et alors il faudra que vous soyez prêt pour suivre cette impulsion, car ce sera le meilleur moment pour donner sens à ce qui vous empêche de trouver le sommeil ou de vous concentrer sur une tâche quelconque. Plutôt que de vouloir tout de suite donner forme à votre récit, laissez votre plume s’exprimer, ne tentez pas de lui imposer un style. . Il faut tout d’abord mettre sur papier ce que votre subconscient s’évertue à étouffer. Pour ce faire, prenez votre temps, isolez-vous et essayez de vous centrer sur vous-même.
Dans un premier temps, il vous sera très certainement difficile d’exprimer cette souffrance que vous avez bien du mal à expurger, alors tentez une approche plus agréable, plus positive, en vous épanchant sur les moments heureux de votre vie. Ceux-ci laisseront alors place, péniblement, certes, mais sûrement, à votre passé plus douloureux. Petit à petit, les mots feront des phrases qui feront des paragraphes, pour finir par faire un récit. Mais chaque chose a son temps, n’est-ce pas ? Paris ne s’est pas fait en un jour, paraît-il, donc patience. Sachez que le simple fait de décider d’écrire est un très bon début. Utiliser cette méthode comme exutoire est une première victoire sur votre mal-être.
Choisissez votre style
Maintenant que vous avez une ébauche de ce que vous voulez écrire pour témoigner et ainsi permettre aux lecteurs de se dire « en fait, je ne suis pas le seul à traverser cette épreuve », c’est le moment de choisir le style pour exprimer vos pensées. Vous pouvez opter pour la troisième personne (il/elle), et ainsi vous protéger de ce vécu que vous vous êtes si longtemps évertué à occulter. Toutefois, il faut savoir que cela mettra de la distance entre le lecteur et ce que vous vous apprêtez à écrire, le message risque alors de ne pas passer comme vous le souhaitiez. Quant au choix de la première personne, il vous permettra d’écrire avec plus de fluidité, car c’est votre moi intérieur qui parlera par le biais de votre plume, mais c’est aussi un exercice plus compliqué, car vous vous exposez directement à vos souffrances.
Faites appel à vos souvenirs et à votre entourage
Votre douleur, quelle qu’elle soit, vous empêche peut-être d’être suffisamment clair dans votre esprit pour parvenir à cette résilience tant désirée. Pour vous aider, essayez de trouver les informations qui vous manquent en faisant appel aux témoignages, photos, souvenirs… Par moments, il est difficile de mettre les mots sur ce qui vous oppresse, vous fait tant souffrir, il est alors bon d’aller au-devant de personnes ayant connaissance de votre histoire personnelle, ou bien à la recherche d’informations qui donneront un début de réponse. Il est aussi important de faire attention lors du récit de votre témoignage. En effet, gare aux poursuites judiciaires pour diffamation si vous nommez une ou des personnes qui auront contribué directement ou indirectement à votre mal-être.
Un petit conseil étant toujours bienvenu pour éviter ce genre de déconvenues, leur donner une autre identité ou choisir un lieu inconnu de tous pour arrière-plan de votre récit serait un bon pare-feu. De plus, si vous devez nommer un ou des témoins des événements qui vous auront détruit de l’intérieur, n’oubliez pas d’avoir leur aval avant toute chose.
Faites-vous aider pour la rédaction
C’est le moment de rédiger votre témoignage que vous parvenez tant bien que mal à organiser, tant vous êtes bousculé par trop de résurgences, alors même que votre esprit se sera allégé d’un certain poids, pour ne pas dire d’un poids certain, après s’être confié à multiples reprises auprès du petit carnet salvateur. Mais voilà que vous êtes confronté à un nouveau problème. Comment vous y prendre alors qu’il est compliqué pour vous de trouver les bons mots ou que vous avez des difficultés avec l’orthographe ? Surtout que cela ne stoppe en rien votre projet ! Une personne de votre entourage ou un professionnel peuvent très bien vous aiguiller, vous conseiller, corriger vos maladresses ou autres complications que vous rencontreriez. Ne laissez pas ces petits soucis techniques vous éloigner de votre résilience, alors que vous en êtes si près !
En conclusion
Nous vous félicitons, vous avez eu l’heureuse idée d’opter pour une thérapie par l’écriture, et ce, afin d’entamer une guérison de vos maux qui avaient pris racine depuis trop longtemps dans votre subconscient, laissant un abattement ou une dépression s’installer un peu plus chaque jour. De plus, sachez que votre témoignage, assurément, permettra à vos lecteurs qui ne parvenaient pas à mettre des mots à leur propre mal-être de trouver enfin une réponse et, à leur tour, un début de résilience. Vous êtes sur le bon chemin, ne vous en éloignez pas, au bout, la lumière vous attend !