Frédéric Mémin, sa tournée folle des salons : astuces et réalité
Frédéric Mémin, édité chez Société des Écrivains est un de nos auteurs particulièrement actifs. Chaque année, sa tournée est composée de 15 salons. Des expériences qui lui offrent désormais de nombreuses opportunités littéraires, parfois au-delà des habituels salons du livre. Il a accepté de partager avec vous ses conseils avisés, mais aussi les réalités de cet investissement personnel et financier.
Donner de sa personne pour réussir
J’arrive à me rendre sur une quinzaine de salons par an, et c’est déjà beaucoup !
Comme une majorité d’auteurs, j’ai ma profession et ma vie privée à côté de mon activité d’écrivain. Les salons ou dédicaces se tiennent principalement les week-ends, c’est quelque chose qui doit coïncider avec le travail qu’on exerce, mais surtout il faut sacrifier une partie de sa vie privée et familiale. J’arrive à me rendre sur une quinzaine de salons par an (dédicaces en librairies comprises), et c’est déjà beaucoup. En septembre/octobre, je suis tous les week-ends en salon, par exemple. Se rendre aux rencontres littéraires demande un investissement personnel, on y consacre beaucoup de temps.
Accessible à tous ?
Quelqu’un qui n’a pas les moyens pourra tout de même faire une tournée […]
La participation aux salons à un coût. Frais d’inscriptions, repas, hébergement, transport, réassort… Pour n’importe quel auteur, ça reste un investissement financier. Pour faire des salons comme moi toute l’année, il faut compter une enveloppe d’environ 1000€. Par rapport aux ventes que je fais, je suis à l’équilibre. Quelqu’un qui n’a pas les moyens pourra tout de même faire une tournée des salons dans sa région. Il ne faut surtout pas hésiter à contacter les grandes surfaces : espaces culturels, Cultura, Fnac, Hypermarchés… En 2021, j’ai publié mon premier livre, j’ai vendu plus de 150 livres rien qu’au Leclerc de Saint-Dizier.
L’astuce pour s’inscrire au bon moment
Pour repérer les salons, j’utilise principalement les réseaux sociaux. Il y a des pages Facebook qui sont consacrées aux salons, je note ceux qui sont dans ma région. En général, lorsqu’on voit l’affiche il est trop tard pour s’inscrire, mais on sait que l’année suivante le salon se tiendra à la même date. Donc je prends les coordonnées des organisateurs et l’année suivante je les contacte.
L’effet boule de neige
Tous les efforts que l’on fait au début payent ensuite. […] mes livres seront étudiés par les lycéens du Creusot, je partirai à la rencontre des élèves pour leur parler de mes ouvrages.
Une fois que l’on commence à participer à des salons, on rencontre beaucoup de monde. Petit à petit, on se crée un vrai cercle composé d’auteurs, d’éditeurs, d’organisateurs, le bouche-à-oreille naturel qui découle de ces rencontres nous offre ensuite des opportunités. Ça vaut aussi pour les rencontres lors des marchés de Noël et autres manifestations littéraires. Tous les efforts que l’on fait au début payent ensuite. Je commence à participer à des événements en parallèle de l’écriture, et c’est grâce à ces rencontres faites en salons. Par exemple, l’an prochain mes livres seront étudiés par les lycéens du Creusot, je partirai à la rencontre des élèves pour leur parler de mes ouvrages. C’est le genre de chose qui n’arrive que lorsque l’on fait des salons parce que l’on rencontre des professeurs, des libraires, des gens du milieu. Je suis désormais invité à participer à de nouveaux salons sur des thèmes qui touchent à la fois mes livres et ma vie professionnelle. Quand on est sollicité, toutes les démarches deviennent plus faciles, on me propose des solutions d’hébergement, c’est la cerise sur le gâteau.
Pour que cet effet boule de neige prenne, il faut bien entendu avoir une attitude irréprochable.
L’attitude de l’auteur
C’est la troisième année que je fais des salons, je commence à ne plus avoir besoin de les chercher.
Il y a toute une attitude à adopter sur un salon – certains codes à respecter, et malheureusement on se rend compte que beaucoup d’auteurs ne sont pas à l’aise avec ça, ne savent pas comment se comporter au contact des visiteurs.
Auprès des organisateurs, ce sont des choses toutes bêtes : envoyer les documents à temps, arriver à l’heure le jour J, être aimable, rester jusqu’à la fin du salon … Quand vous vous comportez bien et que vous avez les bons codes, vous mettez toutes les chances de votre côté pour vous faire réinviter, et là vous n’avez plus rien à faire. C’est la troisième année que je fais des salons, je commence à ne plus avoir besoin de les chercher.
Côté lecteur, il est tout à fait possible d’haranguer le public. Ça peut fonctionner, mais la plupart du temps c’est rédhibitoire en salon. Le lieu est calme, et il n’y a rien de pire que de forcer un visiteur à prendre votre livre en main s’il n’en avait pas l’intention.
L’élément le plus essentiel, c’est le sourire.
Un sourire pour accueillir visuellement un lecteur compte énormément ! L’autre point que je souhaite souligner c’est l’identité visuelle du stand.
Cultiver son identité visuelle
Parfois, un élément qui attire l’œil sur la table fait toute la différence. D’autres auteurs optent pour un accoutrement distinctif, ça fonctionne aussi ! J’ai toujours une main articulée sur ma table, qui tient un stylo, comme la main d’un auteur. Bien souvent la conversation avec les lecteurs part d’une blague en rapport avec cet objet qui suscite la curiosité, c’est un levier pour entamer une conversation sur mes livres. Une belle table est essentielle pour se démarquer.
La démarche personnelle est-elle primordiale ?
S’il n’y a pas une démarche personnelle, cela n’arrive jamais […]
Oui. Par exemple, j’ai participé au prestigieux salon Livre sur la place de Nancy. C’est un salon qui n’accueille pas les éditeurs comme la Société des Écrivains, Edilivre, Nombre7, etc. J’ai cherché les contacts et ensuite c’est un échange de mails qui m’a emmené à envoyer une cotisation à une association locale d’auteurs. Pour me remercier, ils m’ont offert une place et j’y suis allé. J’ai vendu une quinzaine de livres et ils m’ont dit « revenez quand vous voulez ». S’il n’y a pas une démarche personnelle, cela n’arrive jamais, même à des auteurs plus connus. Quand je leur dis que j’ai fait ce salon, ils me regardent avec de grands yeux !
Et quand on ne vend rien ?
Il faut toujours se dire que la vente n’est pas l’objectif.
Il faut toujours se dire que la vente n’est pas l’objectif. Ma motivation principale ce sont les rencontres, élargir son réseau, rencontrer d’autres auteurs, faire un petit peu plus partie de ce milieu littéraire, et c’est toujours enrichissant ! Si on se dit, je veux faire un salon pour vendre des livres, on ouvre la porte à la frustration. On ne peut jamais prédire les ventes, que le salon soit grand ou petit. Quand on vend, on est encore plus content, mais dans tous les cas il y a toujours du bon à tirer.
Faut-il diversifier les salons tous les ans ?
En général lorsque l’on me fait confiance je renvoie toujours la balle, quand je suis invité j’y vais systématiquement. Ça ne me gêne absolument pas d’y retourner, ça me permet de revoir des lecteurs qui ont acheté mon livre l’année d’avant, leur retour est très important. Il faut aussi garder à l’esprit qu’après le salon vos lecteurs vont continuer à parler de vous, et si vous ne revenez pas et que l’on n’entend plus jamais parler de vous, l’effet sera comme jeter un caillou dans l’eau, il n’y aura pas de ricochets.
Une préférence pour les salons ou dédicaces en librairies ?
J’aime les deux. Les dédicaces en médiathèque sont particulièrement intéressantes parce que l’on rencontre un public local, des personnes qui nous connaissent, donc les sujets de conversations sont différents. Vous êtes vu comme l’enfant du pays, l’accueil est personnalisé et surtout la différence est que l’on est tout seul. Le public vient pour moi. Dans un salon, on reste un auteur parmi d’autres, mais personnellement je vois ça comme un défi. Le plaisir du salon du livre est d’arriver à sortir de l’anonymat et de se faire repérer.
La communication sur les réseaux, quel impact sur vos présences en salon ?
Une communication ne garantira jamais un achat. Par contre, si vous ne le faites pas ça vous garantit de ne pas faire de ventes.
Je ne peux pas vraiment déterminer l’impact de ma communication sur la présence des personnes en salon. En revanche, mes ventes sur Amazon découlent de ce que je poste sur les réseaux sociaux. La communication est indispensable pour un auteur.
Inscrivez-vous dès maintenant !
Le mercredi 3 avril à 18h30, assistez à la conférence en ligne dirigée par Frédéric Mémin. Il s’exprimera sur son expérience d’écrivain en salon, l’occasion de vous partager des conseils, des anecdotes et les réalités de ces manifestations littéraires.
- Durée : 1h00
- En visio sur google Meet
- Gratuit, inscription obligatoire
- Le 3 avril à 18h30
Interview de Frédéric Mémin
Victoria Marchand – Communication & Événementiel
