Chronique de Prune N°14 : les codes du polar
Pour cette première chronique de l’année 2024 le sujet sera… un petit peu de suspense… si je vous dis enquête, vous me dites ? Polar, bien sûr ! On commence cette nouvelle année avec une chronique sur le roman policier. Un genre littéraire qui ne cesse d’être plébiscité par les lecteurs au fil des ans.
Les bases
Le roman policier est une littérature de genre, avec des codes spécifiques. Souvenez-vous, on l’appelle également littérature « noire », en opposition à la littérature généraliste « blanche ». Si longtemps la blanche et la noire ont été scindées dans les rayons, aujourd’hui le polar tend à se démocratiser et à atteindre un lectorat plus vaste. Les codes s’assouplissent et certains auteurs de roman policier se laissent séduire par la conquête d’un autre public. Des lecteurs moins initiés qui découvrent le genre et qui seront moins bousculés par quelques évolutions. Malgré cette modernisation du genre, un bon polar devra toujours respecter quelques règles d’or pour être bien reçu des lecteurs, initiés ou non.
Rappel sur le vocabulaire
Vous le savez sûrement, le roman policier comprend de nombreux sous-genres : thrillers, roman policier historique, roman noir, toute une panoplie de romans relevant du genre policier. Parfois, la littérature regorge de subtilités. Alors avant d’attaquer la liste non exhaustive des ingrédients pour une recette polar réussie, un rappel est nécessaire sur le vocabulaire et la distinction entre polar et roman policier. Et là, je ne vous cache pas que tout n’est pas très clair. En réalité, le polar et le roman policier sont des termes utilisés en France pour désigner tous les romans policiers et leur sous-genre. Mais cet emploi du mot polar n’est pas tout à fait exact. Le polar est un sous-genre du roman policier, au même titre que l’est le thriller. Pour simplifier les choses, je parlerai volontairement de roman policier pour désigner le polar. Cette chronique n’est qu’un bref rappel de ce qui fait le succès des romans policiers, n’hésitez pas à approfondir vos recherches sur Google, et à lire des polars !
Les ingrédients
Pour résumer le polar en 3 lignes : une enquête qui met en avant un enquêteur. Investigation, tension, et action sont présentes, sans oublier les rebondissements. Rapide et efficace.
Auteur ou lecteur de roman policier, vous savez qu’un bon polar fonctionne toujours sur les mêmes règles. Qu’est-ce qui nous plaît tant dans ces romans ? Le casse-tête d’une situation qui nous paraît irrésolvable. Du suspense à foison, un enquêteur de choc, une intrigue bien ficelée, un plot twist qui nous laisse de marbre et qui mettra en lumière les indices dissimulés tout au long du récit. C’est cette recette magique du polar qui nous stimule, et qui nous donne ce fameux goût de « reviens-y ».
Parmi les éléments incontournables qu’on retrouve dans un polar, il y a :
- Un mystère à élucider
- Une intrigue jonchée de fausses et bonnes pistes
- Un personnage enquêteur qui pourrait être un génie, ou à l’inverse dans la déchéance
- Une victime qui peut tout à fait être aimée ou détestée de tous
- Des coupables potentiels
- Un suspense intenable
Cette liste suffit-elle à écrire un bon polar ? Pas tout à fait !
L’intrigue
Plus que toute autre chose, accordez une importance fatidique à votre intrigue. Si vous ne le faites pas, la psychologie de vos personnages, le thème de votre histoire, votre style d’écriture ne pourront pas vous sauver. Une intrigue ennuyeuse et mal cousue fera perdre tout son sens au polar. Gardez à l’esprit que vos personnages, les dialogues, les points de vue que vous développerez seront à la merci de votre intrigue.
Respecter les règles ou concocter votre sauce ?
Certains auteurs de roman policier s’accordent à dire que le lecteur doit avoir toutes les clés en main pour lui-même résoudre l’enquête de son côté. Les indices dissimulés au fil des pages ne lui sauteront aux yeux qu’à la révélation finale, pour une fin d’autant plus surprenante. Si vous partez dans ce sens, vous éviterez les incohérences, puisque vous vous forcerez à laisser ici et là toutes sortes de pistes. Toutefois, rien ne vous oblige à respecter cette règle, les déductions de votre enquêteur pourraient ne venir que de lui.
C’est un risque à prendre, les lecteurs de roman policier connaissent bien les ficelles du genre, ils se sentiront trahis si vous décidez de sortir un criminel de votre chapeau au dernier moment. De la même manière, faites en sorte que le coupable soit une personne qui ait joué un rôle plus ou moins important dans votre récit. Si le méchant de l’histoire est un personnage que vous venez tout juste d’introduire, ou que l’on a déjà oublié tant son apparition a été brève, le lecteur se sentira trompé. Prenez des précautions !
De la réalité à la fiction
Si le polar reste un récit imaginaire tout droit sorti de votre imagination. Vous ne pouvez pas tout vous permettre non plus. Votre récit reste une enquête policière, et plus vous serez proche de la réalité, plus vos lecteurs seront susceptibles d’adhérer !
Pour ceux qui le peuvent, rendez-vous jeudi 15 février 2024 à la Maison du protestantisme de Nîmes pour assister à une Masterclass sur le polar. Les invités : policiers, experts près de la cour d’appel, ou encore médecin légiste vous donneront les clés pour amener votre récit policier au plus proche de la réalité.